Seven Lears la poursuite du bien de Howard Barker
Traduction Mike Sens
Mise en scène Agnès Bourgeois
Scénographie Didier Payen
Costumes Laurence Forbin
Lumières Luc Jenny
avec Corinne Fischer, Patty Hannock, Vincent Jaspard, Muranyi Kovacs, Laurent Manzoni, Gaëtan Vourc’h, Mélanie Zucconi
chargée de production Martine Colcomb
Production Terrain de Jeu en co-production avec la Comédie de Saint-Etienne Centre Dramatique National et la DRAC Île de France (aide à la production)
2 – 6 décembre 2004 – Théâtre National de Bruxelles
18 – 21 janvier 2005 – Comédie de Saint-Etienne – Centre Dramatique National
5 avril 2005 – Théâtre de Chartres
20 mai – 5 juin 2005 Théâtre de Gennevilliers – Centre Dramatique National
Seven Lears est une vaste pièce, un grand terrain de jeu dans tous les sens du terme.
Elle décrit sans complaisance les perversions du pouvoir sur l’être humain; elle plonge dans l’inconscient, sans filet et sans maîtrise; elle décrit l’incompréhension et l’insatisfaction inhérente au groupe humain. A partir de un.

C’est une pièce d’expérimentation et de catastrophe, tant au niveau du fond que de la forme.
C’est une pièce difficile car il est difficile de trouver comment être aujourd’hui.
Lear cherche à savoir comment Etre. Et il ne peut accorder tous les paramètres dès lors qu’il a le pouvoir, dès lors qu’il a du désir, dès lors qu’il devient « adulte et responsable »; d’autant qu’il sait; d’autant qu’il a une capacité d’analyse et de mémoire. On se perd à la lecture de Seven Lears, physiquement même. Comme on se perd aujourd’hui si l’on tente de penser l’humanité globalement; toutes les grilles de nos pères ont été usées. Il ne nous reste plus qu’à nous interroger nous-même, comme le fait Lear, et à tenter désespérément de nous situer parmi ce « tout » que sont les « autres ».Alors on en revient au commencement. Et au commencement était le verbe. Et l’homme parle. Et sa langue le façonne; plus que ses muscles; parce que sa langue produit de la pensée et la pensée produit de l’action et des conflits. Du mouvement. Et Lear est sans cesse ballotté entre langage-pensée et pulsions. Et Barker en poète travaille cette langue, la rythme, la casse, en fait son seul instrument de propagande.
– Agnès Bourgeois
“… Pour moi, une langue inventée, et pas seulement empruntée, reste au centre de la pratique théâtrale. Dans mes pièces, j’ai créé un idiome pour mon langage qui rejette totalement le fléau naturaliste de la parole au théâtre. Il contient un registre élevé et un registre bas; un côté littéraire, poétique, métaphorique, et un autre argotique, cru, terre à terre. Beaucoup de répliques ont un rythme particulier. ce rythme est le résultat de la poésie – ma propre expérience en tant que poète – mais reflète également le courant sous-jacent de l’argot londonien parlé par mes parents et leurs ancêtres. Les démunis à Londres étaient très créatifs avec la langue qui n’était pas contaminée par le langage des films américains. La langue de chez eux était comme une substance.”
Howard Barker, Alternatives Théâtrales N°57, entretien avec Mike Sens
“… La réconciliation est l’obsession de notre époque, un narcotique qui détruit l’âme. Tout le monde a peur des conflits, a honte des préjugés, est malade de culpabilité. Nous courons le danger d’être détruit par la culpabilité et d’être humilié par les loisirs. Mon théâtre est simplement trop libre pour se soucier de ce genre de propagande. Nous ne pardonnons pas toujours, nous n’aimons pas toujours, et quand nous aimons nous constatons que nos passions nous ont emportés loin des rencontres terrifiantes. Pourquoi alors barbouiller la beauté avec de la sentimentalité ?”
Howard Barker, Alternatives Théâtrales N°57, entretien avec Mike Sens