avec Philippe Archambeau, Sylvain Brizay, Sébastien Combes, Jean Dauriac, Patrick De Almeida, Cédric Duchemin, David Ferré, Olivier Gratian, Aurélien Guettard, Guillaume Ledieu, Johanna Moaligou, Emmanuel Pincemin, Olivier Sailer, Elisa Trocme
Création collective de la 20ème promotion des Régisseurs du spectacle de l’ISTS sous la direction d’Agnès Bourgeois
Avec des mots empruntés à Bertold Brecht, Noëlle Renaude, Anton Tchekhov, Luis Bunuel, Jésus Christ, William Shakespeare, Alfred Jarry, Franz Kafka, Platon, Georges Perec et l’ensemble des stagiaires régisseurs.
Encadrement du projet Martine Nicolas
Responsable de formation Cécile Mocoeur
Directrice Technique Caroline Chapelle
Et toute l’équipe pédagogique et administrative de l’ISTS
Cette création a été réalisée et présentée 4 fois, les 11 et 12 mai 2007 à la Chapelle des Pénitents Blancs à Avignon.

A table, on fait le point. Carrément. Mais bon, attends…

Extrait d’entretien – Jean-Pierre Demas (alors directeur de l’ISTS) et Agnès Bourgeois (metteur en scène)

Agnès : C’est toi Jean-Pierre qui a mis en place ces projets de création à la fin du stage des régisseurs ?

Jean-Pierre : Non c’est Claude Sauze, mon prédécesseur, qui en a eu l’idée, dès la deuxième année d’existence de l’ISTS; Ces projets ont pour objet de confronter les régisseurs aux exigences de la création et de l’interprétation, dans toutes les fonctions et les disciplines requises par une production théâtrale. Ceci afin de les amener à reconsidérer leur point de vue de techniciens sur les créateurs en général et sur les metteurs en scène en particulier. Ces projets constituent l’apothéose de leur apprentissage de la régie, avant de retourner dans la vie professionnelle.

Agnès : C’est vrai que leur projet leur permet de mesurer ce que la création implique à tous égards et les conduit probablement à remettre en question certaines idées reçues ! C’est un excellent moyen pour eux de réinterroger la substance de la création, ce “quelque chose” jamais abouti, qui n’admet pas de recette, cette alchimie intrigante…

Jean-Pierre : L’un des objets fondamentaux de la formation des techniciens, me semble-t-il, est de les amener à la conscience de leur rôle dans la création et la diffusion du spectacle vivant. C’est une contribution nécessaire à un travail nécessairement collectif, à travers laquelle ils sont censés tenir à la disposition des créateurs et des interprètes le catalogue infini et sans cesse renouvelé des solutions techniques et opérationnelles, les mieux appropriées à la réalisation qu’ils devront rendre probables. Ils doivent pour cela mesurer et étayer leur implication, élaborer les modalités de l’échange avec le créateur en rendant accessible leur savoir et en adaptant au mieux la solution qu’ils préconisent aux réalités qu’ils rencontrent. Ils doivent surtout apprendre à instruire et étayer la réponse qu’ils apportent – ne jamais dire “non”, mais “non mais”. Durant le projet de fin de stage, les régisseurs font l’apprentissage de leur confrontation à des exigences souvent contradictoires.

Agnès : Cette expérience leur permet également de se rendre compte qu’au théâtre une création ne peut s’accomplir dans un rapport vertical de sujétion, mais plutôt dans un réajustement permanent. Dans la formule que propose l’ISTS, les règles s’élaborent avec les données de départ puis se transforment et s’adaptent à l’évolution du travail. Chacun, à chaque moment doit alors s’inquiéter de la justesse de sa place.




Jean-Pierre : En effet, débarrassé des enjeux de l’exploitation donc des contraintes économiques liées à la vie du spectacle après sa création, chacun peut sereinement sonder ses propres capacités et la justesse de ses investissements dans l’action collective, et par là atteindre à plus de discernement.

Agnès : Finalement c’est un véritable exercice de démocratie, une vraie proposition politique ? C’est assez symbolique cette année en plein débat national des présidentielles.