Pour trois soeurs

d’après Anton Tchekhov et Agnès Bourgeois
Avec Valérie Blanchon, Agnès Bourgeois, Muranyi Kovacs
Conception et mise en scène Agnès Bourgeois
Collaboration artistique Martine Colcomb
Violoncelle et chant Camille Brault
Son Frédéric Minière
Lumière Sébastien Combes
Vidéo William Lambert
et les regards attentifs de Laurence Forbin et Didier Payen
Crédits photos David Schaffer
Production Terrain de Jeu en co-réalisation avec Anis Gras le lieu de l’autre, avec le soutien du Nouveau Théâtre de Montreuil Centre Dramatique National
Calendrier des créations:
La nouvelle version a été jouée du 7 au 18 mars 2018 au Théâtre de Belleville à Paris – reprise envisagée pour la saison 19-20
Joué pour la dernière fois en 2013, cette reprise en 2018 sera forcément différente, ce spectacle étant particulièrement sensible au temps qui s’écoule.
• Février 2013 – Nouveau Théâtre de Montreuil
• Janvier 2012 – Anis Gras le lieu de l’autre – Arcueil
• Octobre 2012 – Anis Gras le lieu de l’autre
Etudes pour les trois soeurs Avril 2011 – Anis Gras le lieu de l’autre
Première étude Janvier 2006 – Studio de l’Albatros – Montreuil

Je ne survivrai pas à la mort de papa.

Spectacle en trois mouvements et une installation Pour trois soeurs est un projet au long cours, qui s’est réalisé en plusieurs étapes et dont la nécessité s’est imposé à moi après que l’une de mes sœurs se soit donné la mort.  Construit sur un lien sensible entre mon rapport à la pièce de Tchekhov et ma propre histoire familiale de trois sœurs, il entremêle étroitement la fiction et la réalité.  Il se compose  d’un triptyque théâtral et d’une installation.

Le triptyque Les deux premiers mouvements montrent les trois sœurs ensemble. Les paroles qu’elles s’échangent sont, pour l’essentiel, celles prononcées exclusivement par Olga, Macha et Irina, les trois sœurs de la pièce éponyme de Tchekhov.  Le troisième mouvement,  plus autobiographique, est un long questionnement qui rend compte de l’effraction causée par l’irruption du réel dans la vie de « ceux qui restent ». Tétanisés par la stupeur, oscillant entre souvenir, rage et incompréhension, comment prendre appui sur la fiction pour sortir de cet effroi ?

L’installation Je suis retournée sur les lieux où la vie de ma sœur s’est arrêtée ; je me souvenais que la vue y était très belle, au-dessus la Loire ; je voulais filmer ce qu’elle avait pu voir à la fin. Les arbres avaient poussés, je ne voyais rien de tout ce qu’elle a vu. J’ai alors posé ma caméra près de ce que j’ai imaginé pouvoir être le dernier arbre. L’eau était très loin et difficile à deviner à travers les arbres, mais il me semblait qu’elle avait dû la chercher des yeux, alors je l’ai cherchée moi aussi avec la caméra, j’ai cherché le dernier mouvement du corps et des yeux. De cela, filmé avec des moyens techniques très précaires, j’ai tiré deux plans, un fixe, et un en mouvement. J’ai construit une troisième séquence, où se mêlent des phrases, évocatrices d’images, de sensations lointaines, des réminiscences et des photos de ces trois sœurs ensemble. Toutes ces images défilent. Dans leur faisceau se trouve la tente de notre enfance, une grande tente igloo gonflable des années 80, avec sa porte ouverte, béante sur l’espace intérieur vide. Seule une image lointaine de la sœur qui n’est plus y flotte comme un suaire.

la tente de notre enfance