Espace(s) de démocratie

Espace(s) de démocratie
Création collective
Conception Agnès Bourgeois
en collaboration dramaturgique avec Bertrand Ogilvie, Didier Payen, Martine Colcomb
et les acteurs Christophe Givois, Muranyi Kovacs, Sébastien Lalanne, Guillaume Laîné, Nolwenn Le Du, Faustine Tournan
Production Terrain de Jeu avec l’aide à la production de la DRAC Île de France
Résidence de création à La Métive (Creuse) et au Théâtre du Fil de l’eau à Pantin entre 2008 et 2010
Représentation au Théâtre de Fil de l’eau en mai 2010 / Anis Gras le lieu de l’autre – octobre novembre 2010

Prologue par Bertrand Ogilvie

« Ce à quoi vous allez participer ce soir est, se veut une expérience théâtrale et politique un peu particulière, difficile à cerner et qui n’est pas pressée  de se définir elle-même. Il s’agit d’une improvisation collective autour de questions de l’espace, des espaces et de la démocratie, de la démocratie comme transformation de l’espace politique. Cette improvisation a commencé il y a deux ou trois ans, elle se continuera peut-être longtemps encore, vous n’en verrez donc qu’un épisode limité de deux fois 50 mn environ. 

Dans le premier moment (mouvement) les comédiens proposent, construisent une série d’images, de configurations gestuelles et textuelles à leur gré puis, de manière insensible un second moment ou mouvement s’amorce sous la forme d’une conversation générale entre eux, entre eux et vous, entre vous, d’un échange de paroles suscitées par ce qui aura été vu  ou pas vu, de formes ou d’absences de formes que vous aurez remarquées. L’un des points de départ de notre travail consiste à s’écarter d’une réflexion sur la démocratie comme objet soi-disant bien connu, simple, objet aujourd’hui d’un consensus, bon objet positif, qui privilégierait une discussion d’idées, pour s’intéresser à ce qui peut se dire à son propos en terme de gestualité et de textualité. Il s’agit donc de la démocratie en tant qu’elle s’incarne  dans des corps et dans des textes qui traversent, habitent et font agir ceux qu’elle concerne. : les citoyens, et donc aussi les acteurs. La démocratie comme projet textuel qui saisit les corps.

Le travail parcourt (explore) systématiquement la métaphore du rôle, rôle social, public ou privé, politique ou intime, rôle théâtral, rôle psychique. Nous sommes à la recherche comme le dit Hegel d’un je qui serait un nous et d’un nous qui serait un je, d’un je que nous sommes et d’un nous que je suis.



Il va sans dire que ce carnet de croquis ou d’esquisses que nous vous proposons est plus sensible aux difficultés ou aux impasses de cette recherche qu’à ses fragiles réussites. Selon le mot de l’un d’entre nous qui n’est pas là ce soir, ce processus se déroule quelque part entre vanité et utopie, vanité des formes picturales comme des tentatives inabouties, utopie comme exercice des la pensée et non comme idéal inaccessible.
Cette genèse de formes et d’images procède surtout par soustraction : c’est un moment de théâtre dont ont été retranchés les signes extérieurs de la théâtralité : narration, personnages, décor, déroulement linéaire. Reste le système nerveux du théâtral : une énergie pure qui circule et interpelle chacun comme sujet. Les identités se dissolvent, s’échangent, se reconstruisent indéfiniment. Les spectateurs, les regardeurs peuvent se déplacer, intervenir dans cet espace à leur gré. »